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L'univers d'Ulfin

Un voyage dans un monde contemporain et de légende.

Persyfa

Il était rare, que durant les mois noirs, je passais par le "Fut Chantant".  Après les célébrations d'Imbolc je souhaitais passer saluer les voyageurs qui s'étaient arrêtés pour une heure, pour plusieurs jours dans le repère des marcheurs. En entrant, la fumée du foyer faisait un léger brouillard qui décourageait les moins téméraires. Passant d’alcôves en alcôves pour saluer mes compagnons de route avant d'aller m'installer à ma place. Une enveloppe m'attendait, dedans je découvrais le dessin d'une amazone au regard si expressif qu'il reflétait les ressentis de celui ou de celle qui l'avait dessinée. Je cherchais du regard qui avait pu la poser ici. Croisant le regard du patron je compris de suite où je devais aller. D'un signe, il m'apporta une théière et deux tasses, avec lesquelles j'allais  m'installer à la table de ma donatrice. Elle leva à peine les yeux de son carnet de croquis, je la regardais dessiner une nouvelle amazone, les détails étaient magnifiques, le regard était envoutant il reflétait son humeur du moment. Elle s'arréta de dessiner quand le thé fut versé dégageant comme à son habitude un parfum magique. Enfin elle leva les yeux timidement vers moi surprise que je sois là. Ce regard était le même que sur le dessin qui m'attendait à ma table.

Je la remerciais de son présent et je voulus en savoir plus sur elle. Qui était-elle ? Je connaissais son nom, Persyfa j'avais déjà pu voir ses superbes dessins mais en recevoir un était un honneur. Je me demandais pourquoi elle était là "Au Fût Chantant" avec des humains alors qu'elle n'aspirait qu'à être loin de ses congénères. Son regard était fuyant, observant toute la salle, je la rassurai en lui disant qu'ici personne ne jugeait personne, ici seul le respect avait foi. Cela la fit sourire, elle se détendit. Je souhaitais vraiment savoir qui elle était, je compris qu'elle avait du mal à se livrer, à se libérer. Je sentis que le regard des autres lui pesait, mais pourquoi ? Je me décidais à lui poser quelques questions pour essayer de mieux la comprendre:

"- Dis moi Persyfa, tu dessines depuis longtemps?

- Depuis toujours, je crois que je dessine depuis que mes doigts savent tenir un crayon me répondit-elle."

J'observais le dessin qu'elle avait commencé sur son carnet, il s'en dégageait un imaginaire proche de la réalité, il y avait de l'élégance avec de la violence, une parfaite alchimie. D'un signe de tête je lui demandais pourquoi.

"- Tu sais Ulfin, très jeune je suis partie vivre en Nouvelle-Calédonie avec ma famille. Là-bas je dessinais tout ce que je voyais, les animaux, les danseuses aux allures sensuelles et élégantes. Je vivais avec des personnes venant des 4 coins de la Terre. J'étais proche de la Nature, des Hommes, j'étais Libre. Un jour nous avons du revenir en métropole, et là, retour à un monde violent, sans respect. Fini la liberté, alors je n'avais qu'une idée en tête retranscrire tout cela par mes dessins. Un moyen de m'évader de ce Monde, l'aquarelle m'y aidait encore plus.

- Je comprends mieux l'importance que tu apportes aux regards. Ils expriment tes ressentis du passé, du présent et de l'avenir.

- Oui c'est ça je crois me répondit-elle en réfléchissant.

-Persyfa, sauf erreur de ma part, je discerne en toi un mal-être de ton passé, un moment où tu n'étais pas vraiment toi.

-Ulfin, c'est pas vraiment ça. Mais j'ai du rentrer dans le monde moderne, suivre le troupeau. Pas facile quand tu rêves de liberté. Alors je me suis mis au service de l'humain, j'ai tenté d'apprendre à des écorchés de la vie, à l'aimer. Cela fut très dur, mais ..."

Un silence s'installa, j'osais le rompre.

"-Mais ?

Elle arborait à ce moment là un grand sourire.

-Oui un mais. Un jour sur une plage lors d'une rencontre de cerf-volant que j'avais organisée pour ces personnes j'ai rencontré Gallitrappe le korrigan. Je crois que tu le connais?

-Oui, oui je le connais.

-Cela fais 4 ans que nous nous sommes rencontrés, lui l'artiste de rue, lui l'homme avec qui je voulais être et avec qui je vis depuis ce temps. Il m'a redonnée goût à la liberté. Grâce à lui, en une semaine j'ai tout lâché pour retrouver ma liberté. Reprendre se que je fait depuis toujours, dessiner."

Les dessins de Persyfa sont le reflets de son âme, ils sont le résultat de ses émotions bouillonnantes en elle, ce qui les rend si magnifique. Je lui demandais si je pouvais feuilleter son carnet. Des Amazones aux regards de braises, de l'amour mais aussi de la colère. Des enfants sauvages de toutes beauté remplis de liberté.

"-Dis moi Persyfa ton carnet est spécial ?

-Oui c'est l'un de ceux que ma mère nous fabriquait pour mon frère, ma sœur et moi."

Je lui rendis son carnet rempli de sa vie passée, présente et à venir.

En retournant à ma place je me disais que nous nous recroiserions et que son talent ne doit pas resté caché il doit s'afficher aux yeux de tous. A ma place, dans mes pensées, je pus voir Persyfa reprendre ses crayons, ses pinceaux qui jamais ne la quittaient.

 

 

 

 

 

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