Gisant

Le calme règne, seul le bruit de mes pas crissant sur les graviers se font entendre. J'erre au milieu des tombes, je perçois les âmes qui flottent tout autour de moi. Elles me servent de guides, elles me mènent à toi que je ne connais pas. Toi dont la tombe me fait penser au gisant des monarques. Tu n'as pas utilisé de marbre de carrare, le grès tu as choisi moins noble mais aujourd'hui ta tombe est là et je suis en là impassible à t'observer. La mousse te recouvrant te fait une couverture, dont sa douceur brise la rudesse de la roche. Elle a eu la pudeur de ne pas recouvrir tes mains et ton visage, elle gagne sur la pierre en préservant le personnage que tu étais de ton vivant.

Que tu es été illustre de ton vivant ou simple inconnu, tu es tombé dans l'oubli. Nul famille ne vient te fleurir, à l’exception de cette tige de glaïeul fané posée délicatement sur ta couverture de mousse. Je l'imagine jaune, une personne vous offrant son cœur bien que vous soyez dans l'Autre Monde. Une personne vous rend hommage qui tout comme ne vous connaît pas mais se sent si proche de vous. Car il est vrai que je ne vous connais pas, êtes vous une femme, un homme? Je ne le sais. Qui êtes vous? Cela n'a pas d'importance et je ne chercherais pas à le savoir. Je suis là vous observant je dois me résigner à vous laisser mais c'est avec le cœur gros que je vous quitte vous l'inconnu mais les bras de Dame Nature vous enlacent, vous offrant le plus linceul qui soit.