Seul avec moi-même

J'avais marché depuis des jours et des jours, je n'avais pas croisé âmes qui vivent depuis tout ce temps. Cela n'était pas pour me déplaire, solitude, rencontre avec mon moi profond. Mes seuls rencontres étaient avec les animaux sauvages, ils étaient mes guides. Je suivais une bondrée apivore jusqu'à la perdre de vue, jusqu'à ce que je ne l'entende plus. Des traces de sangliers dans la boue m'indiquait le chemin à suivre. La nature m'emmenait là où elle le décidait.

Mes repas se constituaient de ce que je glanais de-ci de-là. Je passais mes nuits sans allumer de feu la lumière de la Lune m'éclairait quand elle était présente. Je prenais le temps, rien ne m'obligeait à avancer, le temps devenait mon allié. Ce matin là, aucune envie de me mettre en route, je me sentais en sécurité, en harmonie avec ce chêne multi centenaire qui m'abritait depuis la veille. Mon esprit divagant, rythmé par le chant des oiseaux me revint ces phrases de je ne sais plus de qui ni où je les avais lues.

" Où que porte le regard, le monde est une forêt. Jusqu'au pied des montagnes, jusqu'au bord des plages, les arbres recouvraient la terre, les hautes herbes enfouissaient les collines et les pierres elles-mêmes se revêtaient de mousse, de lichen ou de lierre. C'était un monde de murmure, que le vent caressait et que la pluie faisait étinceler.

Un loup ne change pas la forêt, ni un cerf, ni un papillon. Il y vit, sans notion de bien ou de mal, sans idée de lendemain et encore moins d'au-delà."

Je prenais le temps de les écrire sur une écorce se trouvant au sol, espérant que ses paroles résonnent aussi fort de le cœur de celui ou celle qui les lira que dans le mien.