Le soleil se levait à peine lorsque Salicogena vint me réveiller. Cela faisait maintenant quelques lustres que je la suivais, qu'elle m'enseignait les connaissances des anciens. Ma mère m'avait confié à elle alors que je n'étais qu'un nourrisson. Le druidesse du clan lui a avait prédit que l'enfant qui naitrait 3 mois après la cérémonie de Samain ne pourrait rester avec elle. Les dieux avaient décidé de mon avenir. Quelques semaines après ma naissance Salicogena était venu me chercher, ma mère ne s'y opposa pas d'après ce qu'elle m'avait raconté. J'étais convaincu qu'il n'en était rien, que ses mots n'étaient là que pour me rassurer ...
Salicogena me transmettait son savoir des plantes, des arbres, ce que je préférais communiquer avec les animaux, j'apprenais également à lire les astres. Tout ce qui nous entourais était source de connaissance d'enseignement. Je la suivais partout où elle allait sans crainte, je lui faisais confiance. Nous avions parcouru plusieurs fois les terres de Calédonie. Ce matin c'est la peur au ventre que je lui emboitais le pas. Nous devions embarquer d'ici quelques heures sur ce lourd navire de chêne. J'en avais déjà vu mais jamais je n'étais monté dessus, nous étions bien loin des coracles d'osier recouvert de peux que nous utilisions sur nos rivières et nos lacs. Notre traversé vers l'ile de Canalch avait un but. Salicogena devait rejoindre sa sœur Branna, tous les 3 lustres, elles se réunissaient tel que le faisait leurs ancêtres les Thuatha de Danann. Salicigena avait ses yeux verts qui brillaient elle retrouverait bientôt sa soeur. L'occasion pour moi de pouvoir revoir Acto celui avec qui je parcourais bien des années plus tard les sentiers de ce vaste monde pour transmettre la parole des dieux et des anciens.
Salicogena s'installa à la proue du navire, elle me fit assoir sur la planche de chêne d'un pied d'épaisseur (environ 30cm) fixé au reste du navire par des clous de fer forgé de la grosseur d'un pouce. Les amarres jetés, les marins sortirent leurs rames et nous firent nous éloigner du port. Le capitaine ordonna que la voile faite de fines peaux soit hissée. Le navire prit de la vitesse, les vagues venaient se briser sur la coque. Salicogena toujours à l'avant du navire fixait l'horizon, son visage était fouetté par les embruns. Je l'observais sa longue chevelure chatain dansait au vent, sa tunique, son sayon se soulevaient au grès du tangage. J4avais le sentiment se déchainaient tout autour de nous, j'entendais le bois du navire craquer à chaque impact avec les flots. C'est la peur au ventre que j'acceptais l'invitation de ma mentor de la rejoindre à la proue. A ses côtés j'ai finis la traversée fermant les yeux dés qu'une vague nous frappait de front, j'avais l'impression que l'océan allait m'avaler.
Les premiers signes de Canalch apparurent. Le capitaine fit ralentir le bateau, il manœuvra avec dextérité le lourd bâtiment, il évitait les récifs qui protégeaient l'île. Les amarres à peine attaché, Salicogena sautait sur la jetée artificielle fait de tronc d'arbre solidement ligaturés les uns aux autres. J'attrapais nos affaires et la rejoignit.