La jeune femme est seule, étendue au milieu de la rue. Le silence est total seulement dérangé par sa respiration légère. Érine, le visage plaqué sur l’enrobé fissuré d’où s’échappent des nuages de moustiques se sent mal. Elle s’éloigne des insectes qui se ruent sur sa peau en rampant. Elle s’assoit sur le trottoir, les pieds dans ce qui fut, il y a un temps, un caniveau. Elle ne sait pas ce qu’elle fait dans une rue qu’elle ne reconnait pas. Elle se palpe entièrement, elle n’a aucune blessure, aucune douleur alors pourquoi porte-t-elle cette blouse de l’hôpital de Londres ?
Érine tourne la tête de tous côtés, elle ne reconnait pas sa ville. Elle se lève difficilement, ses membres sont ankylosés. Juste entre deux arbres, elle croit reconnaître un édifice. Traversant la rue, elle se fraie un chemin dans la végétation, elle réalise que tous les bâtiments sont en ruines, détruits. La ville est un champs de bataille. Une guerre a eu lieu ici il y a longtemps car les plantes ont repris leurs droits, elles recouvrent tous. Les carcasses de voitures sont envahies de lierre, des lianes pendent des immeubles, les arbres émergent de partout, les branches d’un orme traversent les vitres d’un bus couché sur le côté.
Progressant avec difficulté vers l’édifice de fer encore partiellement debout, elle se sent mieux, l’air lui semble plus respirable. Sa sérénité n’est que de quelques secondes car à travers la frondaison, elle perçoit un épais nuage noir opaque qui obscurcit le ciel. Les ténèbres semblent prendre place tout autour d’elle, la jeune femme a peur. Elle accélère le pas, elle cherche un abri pour se protéger de la pluie qui commence à tomber. En quelques instants, elle est recouverte d’une substance noire, l’épais liquide au lieu de glisser sur sa peau reste, elle n’ose le toucher, il est gluant cela ressemble à un mélange d’huile de vidange et de pétrole. L’odeur qui s’en dégage lui donne la nausée. Au milieu d’une futaie de bouleau se dessine un abri de bus. Protégée enfin de l’ondée, Érine à l’aide d’un morceau de métal racle la pellicule poisseuse qui la recouvre, sa peau la démange, la brûle. Elle retire sa blouse, utilise l’intérieur pour s’essuyer le visage. Nue, elle grelotte. La pluie noire a cessé et a recouvert tout ce qui n’est pas de la végétation d’un film qui ne lui inspire pas confiance. Érine observe les feuilles d’une fougère ,elle constate que cette mélasse ne s’accroche pas mais glisse. La végétation transpire une huile qui fait glisser la pluie pétroleuse cela ne la rassure pas vraiment.
Dans le silence absolu, soudain, le bruit d’une branche qui craque fait se retourner Érine. Elle tend l’oreille, le silence est revenu. La jeune femme a le sentiment qu’elle est observée, s’enfonçant dans la végétation elle ne s’est pas demandée si cela n’était pas dangereux, elle le regrette désormais. Des bruits de pas qui se rapprochent quel est l’animal qui l’a prise pour cible ? Elle distingue plusieurs « prédateurs » qui tentent de l’encercler, rapidement du regard, elle cherche par où fuir. Deux sentes s’ouvrent devant elle, une bien dégagée l’autre envahie de débris, de lianes. Vite choisir. La fuite la plus aisée ou l’autre. Les prédateurs se rapprochent. Elle choisit le sentier le plus simple même si cela est un piège. Elle ne se voit pas courir pieds nus avec sa chemise d’hôpital aux milieux des détritus. Elle accélère le pas, s’engage sur le chemin devenu glissant à cause de la pluie noire. Un rapide regard derrière elle lui fait apercevoir une ombre surgir des taillis suivie par trois autres. Elles ne sont pas engageantes, toutes vêtues de noir, avec de grands manteaux huilés comme celui que son père portait lorsqu’il partait faire des randonnées dans la lande anglaise. Elles ont toutes des casques de chantier sur la tête d’où s’échappe une légère lumière bleue. Érine ne peut voir leurs visages, elles les dissimulent derrière d’épais foulards surmontés de lunettes rondes au verre fumé comme ceux d’un soudeur. Aucune partie de leurs corps n’est visible. Elles braquent sur Érine leurs armes rudimentaires. Elles ne sont pas là pour discuter. Celle qui est sortie en premier se met à crier.
- Attrapez-la !
Pas le temps de s’attarder, courir droit devant sans s’arrêter, mettre le plus de distance entre elle et les chasseurs. La jeune femme oublie la douleur que le sol lui procure sur la plante des pieds. Elle court à perdre haleine, ils sont derrière, ne pas ralentir, trouver une cachette. Elle va droit devant sans réfléchir dans ce monde qui lui est inconnu. Une flèche frôle sa cuisse gauche lui arrachant une grimace, elle sent le sang couler sur sa peau mais pas le temps de s’arrêter. Érine arrive sur ce qui a dû être une grande avenue, il y a bien longtemps. Elle la traverse, se précipite vers la première ouverture qu’elle voit dans les lianes qui recouvrent les façades. Elle se cache derrière ce qui a dû être un comptoir de magasin. Elle jette de rapides coups d’œil vers ses poursuivants, ils sont de l’autre côté de la rue, ils la cherchent à droite, à gauche. Aucun ne regarde dans sa direction comme si un mur invisible s’était matérialisé entre eux. Ils n’osent pas traverser. Leur chef d’un signe de la main leur indique de regagner la forêt.
La jeune femme se laisse tomber au sol, retrouvant à peine son souffle. Elle sursaute, crie, se recule contre le meuble. Face à elle, un homme à la forte stature se tient immobile, elle ne l’a pas vu en entrant. Il est habillé comme ceux qui la poursuivaient à l’exception d’un masque de médecin de la peste surmonté d’un chapeau melon blanc. Il approche son index droit de son bec demandant à Érine le silence. Elle s’exécute, elle sert ses genoux contre sa poitrine. La jeune femme essaie de se faire la plus petite possible malgré sa grande taille. Enfant, elle était complexée d’être toujours la plus grande de son groupe de copines celle que l’on montrait du doigt en rigolant. « L’asperge aux yeux de montre » la poursuivit toute son enfance la faisant pleurer en cachette. Elle n’était pas responsable de la génétique, elle était grande et avait les yeux vairons, elle ne pouvait rien n’y changer. Tout changea le jour où elle se rebella. Trois garçons de son âge en firent les frais : un nez cassé, des hématomes, des cocards. Quant à elle, deux doigts cassés et une semaine de renvoi du lycée. Depuis ce jour, elle n’avait plus eu peur, elle affrontait de toute sa hauteur, de son regard bleu-vert, les insultes, les moqueries et n’hésitait pas à en découdre au besoin.
Nue sous sa blouse, sa blessure saignant, blottie dans ce monde qui lui était inconnu, face à un individu effrayant, Érine tremble. Elle a peur, elle pleure. L’individu au masque de médecin de peste ouvre une porte au fond de la boutique l’invite à suivre. La jeune femme essuie du revers de sa main les larmes qui coulent laissant deux larges trainées sur ses joues noircies par la pluie noire. Dans ce qui fut une réserve, il l’invite à s’assoir sur le bureau toujours dans le plus grand silence. Une fois installée, Érine l’observe. Il lui relève sa blouse. Elle va se mettre à crier, tenter de fuir. Il lui plaque son index sur la bouche lui lançant un regard des plus explicite. Elle essaye de ne pas lui montrer sa peur. Il sort de sa veste huilée une trousse en cuir et saisit des instruments.
Il approche son index droit de son bec demandant à Érine le silence. Elle s’exécute, elle sert ses genoux contre sa poitrine. La jeune femme essaie de se faire la plus petite possible malgré sa grande taille. Enfant, elle était complexée d’être toujours la plus grande de son groupe de copines celle que l’on montrait du doigt en rigolant. « L’asperge aux yeux de montre » la poursuivit toute son enfance la faisant pleurer en cachette. Elle n’était pas responsable de la génétique, elle était grande et avait les yeux vairons, elle ne pouvait rien n’y changer. Tout changea le jour où elle se rebella. Trois garçons de son âge en firent les frais : un nez cassé, des hématomes, des cocards. Quant à elle, deux doigts cassés et une semaine de renvoi du lycée. Depuis ce jour, elle n’avait plus eu peur, elle affrontait de toute sa hauteur, de son regard bleu-vert, les insultes, les moqueries et n’hésitait pas à en découdre au besoin.
Nue sous sa blouse, sa blessure saignant, blottie dans ce monde qui lui était inconnu, face à un individu effrayant, Érine tremble. Elle a peur, elle pleure. L’individu au masque de médecin de peste ouvre une porte au fond de la boutique l’invite à suivre. La jeune femme essuie du revers de sa main les larmes qui coulent laissant deux larges trainées sur ses joues noircies par la pluie noire. Dans ce qui fut une réserve, il l’invite à s’assoir sur le bureau toujours dans le plus grand silence. Une fois installée, Érine l’observe. Il lui relève sa blouse. Elle va se mettre à crier, tenter de fuir. Il lui plaque son index sur la bouche lui lançant un regard des plus explicite. Elle essaye de ne pas lui montrer sa peur. Il sort de sa veste huilée une trousse en cuir et saisit des instruments.
Érine ne se sent pas bien, elle ne comprend pas. Le jeune homme lui tend une sorte de galette qu’elle saisit et se met à dévorer sans se soucier de son contenu. Son goût n’est pas aussi infect que son apparence. Elle l’observe, elle a tant de question. Elle se lève, se dirige vers la fenêtre, observe. Face à elle, sous une lune rougeâtre, ce qu’elle avait pris pour une tour métallique écroulée n’est autre que la tour Eiffel. Le dernier étage pend retenu surement par le lierre et les lianes qui l’envahissent. Érine sursaute et recule, à la fenêtre, vient d’apparaître une araignée de la taille démesurée, elle est aussi grosse qu’un labrador en beaucoup moins sympa.
-C’est quoi ça ? lâche-t-elle.
D’une voix calme et se voulant réconfortante, il lui répondit : C’est une arachnoïdis minimalis, reviens dans l’obscurité, qu’elle ne te voit pas. Plus longtemps, elle t’observera et plus tu t’imprégneras dans sa mémoire et elle te traquera jusqu’à ce qu’elle t’attrape pour te …
Érine ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase qu’elle est déjà dans le coin le plus sombre de la pièce. Son calme revenu, elle le fixe, l’interroge du regard.
- Minimalis ? Parce qu’il en existe des plus grosse ?
-Oui, les plus grosses font trois fois sa taille.
À ces mots, Érine manque de s’évanouir, elle qui a la phobie des araignées, elle se retrouve avec des monstres pouvant être aussi grosses qu’une vache.
-Vas y pose tes questions. Nous avons toutes la nuit, nous partirons que demain au lever du jour.
-Je ne sais pas par où commencer … un long silence avant qu’elle ne reprenne la parole. Nous sommes où, quand, qu’est-ce qui se passe dehors, comment je suis arrivée là, t’es qui … ? Plus la jeune femme pose de question plus il lui en vient à l’esprit.
- Je suis Niels du clan des Sewer, tu es sur notre territoire. Ceux qui t’ont pourchassé ce matin étaient des Lekdä, un clan très dangereux qui chassent les humains pour les manger. Nous sommes en 2531 environ, en surface c’est le chaos. La végétation a repris ses droits, Seuls les insectes y vivent, ils sont énormes et n’ont qu’un but l »a chasse aux hommes » …
Érine se décompose au fur et à mesure que Niels lui explique la situation. Tu déconnes ? Comment pourrais-je me retrouver en 2531 ? Et c’est quoi cette saloperie noire qui m’est tombée dessus ?
Niels repren la parole tout aussi calmement. Comment tu es arrivée là, je n’en ai aucune idée … La pluie noire est ce que nous appelons du drocarb.
Du drocard ? J’y comprends rien. Érine se lève fait les cents pas en restant bien dans l’obscurité de peur que l’arachnoïde minimalis.
Niels s’arrête entendant, un bruit dans la boutique.
Niels s’arrête en entendant un bruit sourd dans la boutique. Il écarte Érine brusquement et se précipite vers son sac. Le son s’approche. D’abord sourd, il devient un sifflement aigu obligeant la jeune femme à se protéger les oreilles tellement il est insupportable. Son regard passe rapidement du jeune homme au chuintement derrière la porte. Revenant vers le bureau, où elle tremble les mains sur ses oreilles, il lui dit en lui tentant un couteau dont la lame semble faite avec les tôles de boites de conserve solidement rivetées entre elles.
- Reste dans l’obscurité, n’en sors surtout pas…
Sa phrase à peine finie que la porte qui les protégeait jusqu’à présent du monde extérieur vole en éclat. Des débris de bois envahissent toute la pièce. Érine à juste le temps de protéger son visage qu’une esquille vient se planter dans son avant-bras lui arrachant une grimace de douleur. Niels pour la deuxième fois la pousse violemment de façon qu’elle se retrouve dans le coin le plus sombre de la pièce. Elle sert si fort son couteau qu’elle en a mal aux doigts. Le sang de sa blessure commence à créer une auréole sur la veste huilée. Mais qu’importe elle n’a d’yeux que pour la bête qui vient d’entrer.
Une araignée. Ses huit énormes pattes velues aussi grosses que les bras d’un bodybuilder portent son corps. Son thorax et son abdomen sont recouverts de plaques formant une carapace qui s’articule à chacun de ses mouvements. Quatre paires d’yeux rouges sang me scrutent, je reconnais l’arachnoïdis minimalis qui était à la fenêtre. Elle cherche la jeune femme, elle l’a gardé, en mémoire, elle ne va plus la lâcher jusqu’à ce qu’elle l’aie attrapée. L’araignée se meut vers Érine, les quelque meubles qui semblaient faire barricade entre elles éclatent sous ses pattes puissantes. Niels se jette devant elle, avec un poignard fait de la même matière que son couteau.
L’arachnoïdis cligne des yeux, un filet verdâtre s’écoule de ses mandibules, ses pédipalpes se terminent par des crochets qu’elle tente de planter dans celui qui lui barre la route. Elle reste à bonne distance de Niels, elle se lève sur ses pattes arrières. Érine aperçoit son abdomen qui se gonfle. La jeune femme sent le sol trembler lorsque la minimalis retombe violement sur ses huit pattes. Niels a juste le temps de se jeter sur Érine pour la protéger de son épais manteau huilé. Elle entend un jet de liquide s’abattre sur son protecteur. Elle comprend pourquoi il s’est précipité quand il se tourne vers leur adversaire. Tout ce qui se trouve sur le trajet du liquide est en train de fondre, dégageant un fumée blanchâtre qui lui pique les narines. Son corps n’aurait pu résister à l’acide de ses glandes. L’araignée s’approche du jeune homme qui la tient au respect avec son arme. Dès qu’elle essaye de le transpercer avec les dards de ses pattes, il la repousse à grands coups de dague. Érine se retrouve plaquée dans l’angle de la pièce sans moyen de s’échapper. Niels, devant elle, lutte avec acharnement pour empêcher le monstre d’avancer. Le jeune homme arrive à planter son poignard dans l’une des pattes, l’araignée, sous la douleur la tend violemment projetant Niels contre le mur du fond. De sa blessure s’écoule un sang noir et épais. L’arme plantée dans l’articulation l’a fait boiter. Bien que gravement blessé, l’arachnoïdis continue d’avancer vers sa proie. Érine est acculée, sa fuite est impossible. Elle se demande quand ce cauchemard va s’arrêter. Elle ne réfléchit plus et se précipite vers le monstre en hurlant. L’araignée semble surprise, elle stoppe. Érine s’élance, esquive l’attaque des pattes avant encore valides. Elle saute, prend appui sur les mandibules, plante son couteau derrière les yeux là où la carapace est la plus fragile. La jeune femme sent la lame s’enfoncer dans ses chairs. Elle bondit sur son thorax pour atterrir derrière elle. L’arachnoïdis minimalis tente de se retourner. La jeune femme se précipite vers Niels qui reprend difficilement ses esprits. Elle l’aide à se relever, le soutient et ils se dirigent vers la boutique. Érine, entend derrière elle le râle de la bête, ils accélèrent le pas. Franchissant les débris de la porte, ils s’écroulent. La minimalis s’approche péniblement, du sang noir s’écoule de ses plaies. Érine et Niels reculent, tout en étant au sol, l’araignée agite ses mandibules plus elle sent sa proie proche. Elle dandine de plus en plus, la jeune femme sent l’haleine chaude du monstre. Ses mandibules frôlent ses joues, elle pleure, elle sait sa dernière heure venue.
Elle sent la bête s’écrouler sur elle, l’empêchant de respirer. L’araignée ne bouge plus, elle aperçoit Niels s’appuyer sur la lame qui a entièrement disparu dans son crâne. Il l’aide à se dégager. Tous les deux retournent dans l’arrière-boutique dans l’obscurité. Niels saisit son sac.
- Passe les feuilles sur ta peau et tes blessures, elles éviteront que l’acidité de l’arachnoïdis ne te brûle, lui dit-il en tendant à la jeune femme un sachet de papier dans lequel se trouve les feuilles recouvertes de l’huile qu’elle avait vue lorsqu’il pleuvait.
Érine s’exécute. Les feuilles soulage sa peau. Il lui sourit.
- Repose-toi Érine. Nous ne craignons plus rien maintenant. Ses congénères ne viendront pas sentant la mort de l’un des leurs.
Ils se reposèrent jusqu’au première lueur d’un soleil rougeoyant. La lumière était blafarde, les quelques rayons qui éclairaient la pièces ne rassurèrent pas la jeune femme. Où son regard se portait, elle revoyait la scène avec l’araignée, elle n’était pas dans un rêve. Il lui semblait ne pas avoir dormi. Érine était épuisée, elle avait pleuré jusqu’à ne plus avoir de larmes. Elle avait essayé de se reposer, de se faire la plus petite possible dans ce monde qu’elle ne connaissait pas. Elle était effrayée. Érine avait toujours essayé, de se montrer plus forte que ce qu’elle n’ était, de dissimuler ses sentiments, sa peur était palpable, elle n’en menait pas large. Elle n’en pouvait plus de cette situation. Elle ne comprenait toujours pas ce qui lui était arrivée. L’envie de pleurer et de se rouler en boule dans un coin l’a repris. Elle souhaitait se réveiller de ce cauchemar, cela ne pouvait pas être réel c’était forcément un mauvais rêve.
Un bruit fracassant lui parvint, une terreur sans nom s’empara d’elle la ramenant à la réalité. Elle se leva brusquement, aux abois. Du coin de l’œil elle aperçut Niels qui était lui aussi sur le qui-vive, son poignard à la main. Il lui fit signe de le rejoindre, lui tendit de nouveau le poignard qu’elle avait utilisé pour se défendre contre l’énorme araignée. La jeune femme prit sur elle pour se mettre en mouvement. Elle avait l’impression que son cœur faisait un boucan d’enfer, qu’il allait sortir de sa poitrine. Ils reculèrent vers une porte qu’elle n’avait pas remarquée auparavant. Arrivant dans la rue, Niels lui fit signe à nouveau, ils devaient courir à en perdre haleine, elle devait encore fuir. Il partit en premier à vive allure, sautant les obstacles qui ne semblaient pas le déranger, il bondissait d’un à l’autre telle une panthère. Érine hésitait à le suivre… ne valait-il mieux pas se cacher ?
Elle finit par ne plus voir l’homme en noir, son sort était scellé. La jeune femme décida donc de rester sur place. Elle se mit derrière une carcasse de voiture et attendit essayant de contrôler ses tremblements. Les phalanges de sa main droite lui faisait tellement mal elle serrait si fort la lame qui lui semblait bien futile dans ce monde de chaos.
Elle entendit la porte voler en éclat, elle n’osa pas relever la tête. Érine avait la trouille elle avait envie de crier. Elle entendit des bruits de pas. Ils s’étaient arrêtés à quelques mètres de son abri de fortune, elle porta sa main gauche à sa bouche pour faire le moins de bruit possible mais aussi pour étouffer un hurlement de terreur. Immobile, elle patienta jusqu’à ce qu’elle perçoive qu’ils s’éloignaient petit à petit de sa cachette.
Elle attendit longtemps, très longtemps… un temps qui lui sembla interminable avant de sortir de sa cache. Sa planque n’allait pas la protéger des attaques diverses et variées qui ne tarderaient pas à venir. Ce monde lui était inconnu mais le peu qu’elle en avait vu, était effrayant pour une citadine comme elle habituée à son petit confort. La faim, la soif la tiraillaient. Elle se sentait perdue, Érine regrettait sa décision de ne pas avoir écouté son sauveur. Que lui avait-il pris de ne pas le suivre ? Encore une fois, son manque de confiance envers les autres lui avait fait prendre la mauvaise décision… Que devait-elle faire ? Elle se mit à errer, dans la direction qu’avait prise Niels tout en cherchant dans les décombres de l’eau. Rien, il n’y avait rien, l’eau était noire… grasse et puante. Il lui fallait en trouver rapidement.
Elle avançait péniblement au milieu des carcasses de voitures, d’immeubles et de la végétation qui recouvrait tout. Érine sursautait aux moindres bruits… une vive douleur dans le bras la fit crier. Une flèche le transperçait. Elle bascula en avant, tombant le nez dans la poussière. Elle ressentit d’abord une vague de chaleur dans tout le corps, puis une douce torpeur et perdit connaissance.