Face aux Romains 1/2

Le repos avait été de courte durée. Le soleil se levait à peine, nous arrivâmes alors que notre roi finissait son allocution. A entendre sa ferveur et les acclamations j’en déduisis que nous allions partir au combat. Tous les chefs de guerre prirent leurs troupes et s’orientèrent vers l’est du village, vers la grande forêt. Doiros convoqua son équipage.

Aujourd’hui, nous partons en guerre face aux envahisseurs romains. Comme d’habitude nous chargerons, créerons le désordre dans les légions, blessant, tuant et nous repartirons vers nos navires pour embarquer et fuir en mer. En avant mes amis ! Allez !

Je restais stupéfaite, par la simplicité du plan, je m’attendais à une stratégie militaire bien plus complexe. Avançant vers l’orée de la forêt, j’observais tout autour de moi, je ne voyais aucun des nôtres, où étaient-ils ? Doiros nous fit nous arrêter, alors que nous patientions, il vint vers moi. Il n’était plus le capitaine qui connaissait tous les pièges de l’océan. Il était devenu un fier combattant prêt à en découdre, il portait une lance à la pointe en forme de feuille de saule et une grande épée. Il refusait de porter un casque comme tous les chefs de guerre et bon nombre de guerriers car il clamait haut et fort à qui voulait bien l’entendre que sa tête était assez dure pour supporter des coups de glaive.

Vindela, lorsque nous étions sur le grand fleuve, tu as participé à des escarmouches.

Je lui répondis d’un signe de tête.

Aujourd’hui cela va être autre chose. En face, nous allons avoir des militaires surentraînés, le sang va couler, bon nombre de nos guerriers vont mourir. Vindela, sais-tu pourquoi nous faisons cela ?

Un court silence s’installa avant que je lui réponde :

Pour nos ancêtres, pour notre terre, pour notre liberté.
Tout à fait, nous, les Vénètes, nous ne céderons jamais à ce misérable empereur qu’ils nomment César. Vindela, je veux que tu restes ici à couvert des arbres lorsque nous chargerons.
Mais … je ….

Il ne me laissa pas finir ma phrase.

Non, j’ai une mission pour toi de la plus haute importance et risquée.

Il m’expliqua ce qu’il attendait de moi, avant de repartir vers ses hommes il déposa un baiser sur mon front. Je crois que sous sa carapace battait un cœur et que je représentais la fille qu’il n’avait jamais eue. Il voulait me protéger mais il avait besoin de moi …

En face de nous, s’installèrent en formation deux légions, la septième qui était cantonnée dans la région et la deuxième, l’élite à ce qui se racontait. Toutes les deux sous les ordres directs de César. Il était là, légèrement en retrait sur une jument blanche. Je dus arrêter mon examen des lieux, revenir à la réalité quand j’entendis le son de nos carnyx retentir. Le signal était donné. Comme un seul homme, toutes les guerrières et guerriers que nous comptions, sortirent de partout, alors que je pensais que nous étions les seuls, plus de 2000 guerrières et guerriers gaulois s’élancèrent dans la mélée. Bien que notre charge soit impressionnante, nos guerriers semblaient bien peu face aux 8000 légionnaires.

Je restai concentrée sur Doiros et ses hommes comme il me l’avait demandé. Je devais veiller sur eux de mon poste d’observation et prévenir les attaques latérales dont ils pourraient faire l’objet et surtout éviter qu’ils ne se fassent encercler. Bien que loin du cœur de la bataille, j’entendis les cris des soldats, le choc des épées rencontrant les boucliers romains et les glaives, je perçus les râles des blessés. La bataille fut violente, des gerbes de sang parfois giclaient du cœur du conflit. Doiros et ses hommes couvraient l’aile droite de l’armée Vénète, je jetai un rapide coup d’œil autour de moi et je vis que je n’étais pas la seule en retrait, chaque chefs de guerre vénètes avaient laissé derrière eux une personne possédant un lien magique avec l’un des quatre éléments pour couvrir leurs arrières et leurs retraites ... A suivre