Je ne suis pas à ma place

 Nous avions rejoint le champ de bataille avant le lever du jour, et nous attendions. Depuis notre départ du village, avec mes deux camardes nous n’avions pas quitté Salicogena notre druidesse, nous prenions notre rôle très au sérieux. Nous ne serions pas trop de trois pour la protéger quand le camp adverse comprendrai qu’elle communiquait avec les dieux et que sa magie était l’une des plus puissantes des côtes armoricaines. Bien qu’âgé de quelques années de plus que moi, ils n’avaient pas guère plus de vingt ans qu’ils portaient déjà les stigmates de la rébellion contre l’oppresseur sur lors corps. Brisane, dégagée le respect malgré son jeune âge. Elle portait sa lance de la main gauche, le lourd bouclier en bandoulière dans son dos ne semblait ne pas la déranger malgré le poids alors que j’avais du mal à transporter le mien. Une côte de maille recouvrait sa tunique jaune pâle caractéristique de notre clan, elle était serrée à la taille par une ceinture auquel pendait à sa main droite une épée longue anthropomorphe. Dans son dos à chacun de ses pas un poignard cogné son bouclier qui résonnait dans le silence de l’aube. Malgré sa faible taille Brisane ne craignait pas d’affronter les plus valeureux soldats ennemis. Elle ne reculait jamais. Son regard vert aussi beau qu’il soit, montré toute sa détermination. Sous son casque, j’apercevais une partie de la cicatrice qui lui barrait le front, sa tresse à la différence de la plupart de nos guerriers n’était pas soigneusement coiffée en chignon mais pendait de son heaume. J’avais essayé d’engager la conversation, son regard perçant me dissuada d’insister.

Ma mémoire me fait défaut je ne me souviens plus du nom de celui qui nous accompagnait juste son surnom me revenais. Je ne suis pas sûr de pouvoir le reconnaître dans l’Autre Monde, si Brisane m’impressionnait lui me faisait trembler rien qu’à le regarder. Bien que je sois grand, lui me dépassait de plusieurs têtes. Il mesurait plus de deux mètres, je me demandais comment il rentrait dans l’une de chaumière vu l’envergure de ses épaules. J’avais l’impression que sa lance était plus petite que les notre dans sa main. Elle semblait n’être qu’une javeline. Il n’avait pas de bouclier à la place deux épées longues qu’il manipulait aussi bien des deux mains. Il ne portait que des braies et un sayon à nos couleurs attaché par une fibule, qu’il avait remonté sur sa tête lui dissimulant le visage. Son torse nu était recouvert de cicatrices. Certaines auraient été mortelles pour la plupart d’entre nous … Me voyant l’observer du coin de l’œil, Brisane m’avait dit :

- Il est aussi fort qu’un ours, il fut élevé parmi eux selon ses dires. Ce que je peux t’affirmer c’est qu’il fut trouvé nourrisson sous un chêne ce qui lui a valu le nom de Drucos.

C’est la seule fois que j’entendis le son de sa voix avant le combat.

   À l’orée du bois nous surplombons la plaine où le combat aura lieu. En face de nous les légions de César sont en ordre de bataille. Nos rangs sont plus anarchiques. La tension est palpable, l’adrénaline monte au fur et à mesure que le soleil se lève. Nos guerriers trépignent d’impatience, ils veulent en découdre. Je ne me sens perdu, je ne suis pas à ma place à la différence de mes deux acolytes. Je singe Brisane sur le flanc gauche de Salicogena alors qu’elle protège son côté droit et Drucos veille aux attaques frontales. Je me dissimule le plus possible derrière mon bouclier ovale, ma lance solidement ancrée dans le sol menaçant le premier assaillant qui approcherait de notre druide.

Je ne suis pas à ma place, je voudrais être dans mes champs. J’ai peur, je tremble, une sueur glacée coule le long de ma colonne vertébrale. Mes jambes flagellent, elles me portent à peine, je suis prêt à fuir alors que mes deux camarades et Salicogéna sont impassible. Je ne suis pas fait pour la guerre. Non, NON, NOON, ….